La gauche française a lancé une OPA sur la République, ce qui lui permet de dire
que la droite, quand elle n'est pas socialisante et étatiste, est anti-républicaine.
Pourtant, la République n'a pas été fondée en 1875 par les républicains socialistes
et communistes, mais par des monarchistes constitutionnels constatant qu'aucune
des trois dynasties ayant régné en France ne pouvait désormais s'imposer, et par
des républicains modérés qui avaient approuvé l'écrasement de la Commune et
étaient hostiles à tout collectivisme.
Si l'OPA a plus ou moins réussi, c'est que la gauche détient l'école depuis des décennies.
Elle a donc pu diffuser un catéchisme «républicain» largement fondé sur des
mythes : que la gauche jacobine aurait été l'origine de l'État de droit et de la
démocratie, alors qu'en réalité elle a toujours usé de violences et n'a jamais pratiqué
de bonne foi les élections ; qu'elle aurait été laïque, alors qu'elle a été laïciste,
c'est-à-dire fanatique d'une religion de substitution, le révolutionnarisme ; qu'elle
aurait été seule à défendre Dreyfus et donc les droits de l'homme, alors que c'est
elle qui a fourni les gros bataillons de l'antidreyfusisme et de l'antisémitisme avant
de s'amender, au dernier moment, par tactique politicienne ; enfin qu'elle aurait
seule lutté contre le nazisme, alors qu'en réalité des radicaux, des socialistes et des
communistes ont joué un rôle moteur à Vichy et dans la collaboration.
Si l'on veut que la République redevienne le bien commun de tous les Français, il
convient donc d'analyser et de rectifier ces mythes. C'est ce que fait ici Philippe
Nemo, à la faveur d'un examen critique de la vie politique française depuis deux
siècles.