Les enfants de Caïn, ce sont ceux de parents démissionnaires ou des orphelins qui tombent dans le vagabondage, les petits vols, et que la justice classe dans la rubrique « enfance coupable » et envoie dans des colonies pénitentiaires un peu partout en France où une soixantaine de ces institutions ont perduré des années 1840 aux années 1940. Nous parlons ici d'un passé qui s'éloigne où l'enfance pauvre était traitée comme de la « mauvaise graine », à redresser pour la protection de la société. Dans la majorité de ces établissements, les enfants étaient considérés comme des criminels - tenue vestimentaire de bagnard, humiliations permanentes, punitions pour des riens, privation de nourriture, séjours injustifiables en cellules d'isolement, coups et blessures, parfois plus ; très peu d'enseignement, l'exploitation de leur force physique à des travaux agricoles au profit de leurs bourreaux ou l'apprentissage de métiers mécaniques avec la même destination. Louis Roubaud fut l'un des journalistes qui s'élevèrent à partir des années 1920 contre cet état de fait intolérable en lançant dans la presse une campagne où il dénonça sans détour le scandale des bagnes d'enfants. Il en sortit ce livre oublié qui a contribué à faire avancer les pratiques éducatives en les dirigeant vers ce qu'il fallait qu'elles deviennent : humanistes et au service de l'enfance.