« Lutter contre la banalité de ce travail d'archéologue des fonds océaniques était une nécessité, car je n'arrivais pas à considérer ces négriers comme de simples bâtiments de marine juste coulés ou échoués. Plus leurs noms sur nos listes s'allongeaient, plus je cherchais à reconstituer l'histoire violente des hommes et femmes qui, un jour, se sont retrouvés dans les chaînes et propulsés vers une destinée dont ces embarcations étaient, à leurs yeux étonnés, les seuls témoins tangibles.
Ces hommes, ces femmes ! Un ancêtre ? Une parente lointaine ? Les fils qui lient leurs destins à nos vies ont des ramifications qui parfois laissent perplexes ! Quelqu'un dans le public aurait pu me les poser, ces questions qui m'auraient permis d'expliquer les sources de ma passion ; la jeune femme assise au deuxième rang, par exemple, qui n'avait pas cessé de me regarder et de sourire tout le temps que ma conférence avait duré. »