Les espions
Le héros de ce roman est un éditeur alcoolique. Pour preuve, le lundi, jour de gueule de bois, aucun manuscrit ne trouve grâce à ses yeux, ils vont tout de suite à la poubelle. Les autres jours de la semaine, la situation n'est qu'à peine plus brillante. Il ne sait plus comment il parvient à rentrer chez lui, le dimanche à l'aube, et passe la journée à dormir. Julinha, sa femme, qui ne lui adresse plus la parole, comme son fils, laisse de quoi manger pour Black, le chien. Et s'il lui arrive d'avoir faim, c'est avec Black qu'il doit négocier. Un mardi, aux éditions, arrive une enveloppe blanche, comprenant quatre feuilles reliées par une spirale.
Commence alors une quête sans fin, où se mêlent pouvoir, politique, football, un amant secret, des questions d'héritage, des conférences sur des sujets aussi divers que De Chirico, le néoplatonisme dans l'oeuvre de Dostoïevski et de Machado de Assis, Astrologie et Amour, quelques boissons, l'amour, la mort. Et le quotidien d'espions, tous rencontrés et recrutés au bar de l'Espagnol, « qui n'est pas plus espagnol que vous et moi ».
Les Espions est un pastiche délirant de polar, une comédie sur les moeurs de l'édition, une farce loufoque et littéraire.
Conteur ironique, Luis Fernando Verissimo utilise brillamment les clichés et les jeux pour conter le Brésil contemporain.
« Tous les lundis, j'ai la gueule de bois et comme d'habitude, après une brève halte dans mes mains tremblantes, les manuscrit vont directement à la corbeille. Le lundi, mes lettres de refus sont féroces. Non seulement je demande à l'auteur de ne plus rien nous adresser, mais je lui conseille de s'abstenir d'écrire ne serait-ce qu'une seule ligne de texte à l'avenir. Si je recevais le manuscrit de Guerre et Paix un lundi, je dirais à l'auteur d'aller bêcher son champ de patates. Cervantès ? "Tu ferais mieux de laisser tomber, hombre". Flaubert ? Proust ? "C'est un canular ou quoi ?" Graham Greene ? "Essaie plutôt de faire pharmacien". J'irais jusqu'à descendre Le Carré. »