La thèse de Neithard Bulst sur les états généraux réunis à Tours par Louis XI, en avril 1468, et ceux, réunis par les Beaujeu en janvier-mars 1484 a profondément renouvelé l'histoire des institutions à caractère représentatif en France. Grâce à un travail archivistique minutieux sur des sources départementales, municipales, voire privées, dispersées et inédites, ce livre offre pour la première fois une liste fiable des délégués des deux assemblées, comblant ainsi les lacunes de ceux connus par le seul Journal des États de Masselin de 1484.
La méthode prosopographique mise en œuvre donne une vision neuve du profil des délégués en mettant en évidence leur enracinement familial, professionnel et social, sans perdre de vue les membres les plus influents de chaque région. Pour chaque élection, scrutant la procédure, ce livre analyse les liens de clientélisme, de patronage, de partenariat ou de protection qui structurent les sociétés locales, donnant ainsi à voir une sorte de bastard feudalism à la française.
En privilégiant une approche sociale plutôt qu'institutionnelle et corporatiste, cet ouvrage révèle l'importance des représentants du tiers état, mais aussi la place des officiers royaux, favorisée par le changement de procédure électorale en 1484 (manœuvre habile et réussie des Beaujeu pour neutraliser les clientèles des princes).
Au-delà des assemblées représentatives, ce livre questionne le concept de « représentation » dans sa définition médiévale et éclaire sous un aspect plus large les problèmes économiques, sociaux et politiques de la société française de la deuxième moitié du XVe siècle.