Le fiasco de la vente d'Alstom en 2014, la pandémie et la guerre en Ukraine auraient ouvert les yeux de nos dirigeants sur nos vulnérabilités économiques et nos dépendances stratégiques. À vrai dire, ces derniers en ont été, depuis trente ans, les naïfs organisateurs, d'abord bercés dans l'utopie de la « mondialisation heureuse », puis paralysés par la crainte de se couper des capitaux étrangers.
Mais le péril le plus grand est encore devant nous. Dans l'ombre, des États prédateurs - Chine en tête, mais aussi d'autres pays asiatiques et du Golfe - se sont dotés d'armes de guerre économique d'un nouveau genre. Ces armes, ce sont leurs fonds souverains et leurs entreprises publiques. Jadis de simples outils à vocation domestique, ils sont devenus de véritables instruments de conquête internationale.
En partant du port du Pirée, racheté en 2016 par un armateur public chinois, François-Xavier Carayon a mené l'enquête dans les méandres financiers de la mondialisation. Il a remonté le cours des discrètes prises de contrôle des infrastructures critiques européennes, de nos technologies les plus prometteuses et de nos fleurons industriels. Pour les nouvelles puissances, il n'est pas question d'une simple quête de rentabilité... Autonomie stratégique, domination géopolitique, suprématie économique : voilà les ambitions, résolument politiques, des États prédateurs et de leurs bras armés.
Alors que nous approchons du point de non-retour, cet ouvrage est un cri d'alarme, un appel à la lucidité et au courage. Sans sursaut, l'Europe sera condamnée au déclassement et à la servilité...