Après la Grande Guerre, près de deux cent cinquante artistes anglo-saxons
adoptent Paris pour y vivre en totale indépendance. Ils sont
écrivains, poètes, journalistes, éditeurs, libraires, directeurs de revues
littéraires et plusieurs d'entre eux imprimeurs. Ils récusent la prohibition,
le puritanisme pur et dur, la censure, le sexisme de leur pays. Ils viennent
mener l'existence bohème de Montparnasse. Le change avantageux
(cinquante francs pour un dollar) permet à certains de mener une vie
facile, propre à la création de leurs oeuvres. Ils en débattent à la librairie
américaine Shakespeare and Company de Sylvia Beach, ou dans l'atelier
de Gertrude Stein rue de Fleurus.
Fitzgerald, Hemingway, D. H. Lawrence, Joyce, Miller, Pound, Gertrude
Stein, Edith Wharton se croisent, sympathisent, se jalousent ou parfois
s'entre-déchirent au sein de leur microcosme littéraire. D'autres, originaux
nantis, ne débarquent que pour mener la vie débridée des nuits
parisiennes.
Après avoir vécu en autarcie, les membres de cette colonie se disperseront
au début de la Seconde Guerre mondiale, abandonnant à regret
leur jeunesse insouciante aux terrasses ensoleillées de La Closerie des
Lilas, de La Rotonde, de La Coupole et du Select.