Les fantômes du souvenir
« Qu'ai-je fait d'essentiel durant toutes ces années ?
Étrangement, j'aurai passé une partie non négligeable de ma vie à tenter de remettre sur pied deux institutions phares de la cinéphilie française, les Cahiers du cinéma et la Cinémathèque française, à un moment où l'une et l'autre semblaient vacillantes. « Réparateur d'institutions défaillantes » ? Ce n'est ni un métier ni une fonction. Peut-être une vocation, semblable à celle de mon père qui remettait les montres et les pendules à l'heure. Veiller à ce que les choses fonctionnent, faire en sorte que l'amour du cinéma se transmette d'une génération à une autre. J'en avais moi-même profité à mes débuts, lorsque Serge Daney m'avait accepté à ses côtés à une période de ma vie où j'avais tout à apprendre. »