« Le sentiment religieux s’éveille surtout pour l’homme, en présence du spectacle imposant de la nature ; mais suivant la physionomie de celle-ci, il prend un caractère différent et s’attache à des objets divers. Sous le ciel brumeux et triste de la Celtique ou de la Germanie, l’esprit n’est point affecté des mêmes impressions que sous le soleil brûlant de l’Afrique, ou sous l’atmosphère molle et vaporeuse de la Toscane. Devant les granites sévères de l’Armorike que la mer vient souvent ronger de ses flots écumeux, à l’entrée de ces forêts ténébreuses et profondes, telles que celles d’Hercynie ou des Ardennes, le long de ces fleuves majestueux aux bords romantiques et solitaires, tels que le Rhin ou la Loire, au milieu de ces landes stériles, de ces immenses bruyères, de ces dunes mobiles de l’Aquitaine ou de la Domnonée, l’imagination est saisie d’une pensée grave et rêveuse ; elle ne s’allume pas d’un enthousiasme soudain ; elle ne se berce pas dans des idées voluptueuses et riantes, comme elle le fait en face des scènes grandioses de l’Inde ou de l’Egypte, des vallées fraîches et fleuries de la Thessalie, des jardins magnifiques de la Perse. »
Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.