Au siècle des Lumières se constitue une nouvelle intellectualité
féminine. Les textes laissent percevoir une relation croissante en
intensité des femmes avec tous les domaines de la culture savante.
Leur mouvement vers le savoir témoigne d'une imprégnation
générale qui fait que, par les livres et les journaux, les salons et les
cabinets, les théâtres et les musées, les loges et les académies, elles
ne peuvent rester passives face à une lame de fond d'acculturation
qui, du fait d'une démocratisation de la culture, touche aussi les
hommes. Beaucoup de femmes lisent, apprennent et réfléchissent ;
beaucoup écrivent et traduisent ou se livrent à des expériences
scientifiques. Leur percée dans le monde des lettres et des sciences
est remarquable. Mais cette conquête intellectuelle fut lente et
difficile car elle s'est longuement heurtée à des préventions que les
femmes ont dû surmonter pour gagner la reconnaissance d'une
légitimité dans les sanctuaires du savoir.