Les fondements de l'idée de paix perpétuelle
La rationalité échiquéenne mondiale rend compte d'une logique particulièrement saisissante. En cessant peu à peu d'exercer sa suprématie sur le système international, l'Occident a vu apparaître de nouveaux déterminants de la politique internationale alors que sa démarche a été jusque-là de vouloir imposer au reste des continents son idéal politique, économique et culturel. Or, les pays qui ont tant soit peu emprunté ses savoir-faire se sont gardés de s'occidentaliser. Ils ont plutôt opéré des sélections en tenant compte de leurs attentes les plus urgentes tout en se gardant de reproduire idéalement le schéma européen. C'est ainsi que différents États et groupes d'États se sont modernisés sans pour autant s'occidentaliser sinon que tout en se modernisant, ils ont davantage renforcé l'attachement à leur civilisation propre.
Aussi, l'enchaînement et la logique des conflits qui agitent le monde échappent bien aux schémas prédéfinis. Ils révèlent que les civilisations sont à n'en point douter décadentes et mortelles.
Cette réflexion vise à montrer que la paix est en définitive une œuvre de justice. Face au déferlement de la violence à travers le monde, face à l'insécurité et à la prolifération des conflits armés, la paix reste un défi qui doit sans cesse être relevé par la communauté humaine. Car la notion de sécurité humaine signifie aujourd'hui, sécurité physique, bien-être économique et social, respect de la dignité, protection des droits et des libertés fondamentales. La notion de sécurité concerne ainsi tout à la fois les gens et les États. Passent alors dans l'ordre de l'insécurité, les conflits sociaux, le chômage, la criminalité, le viol en tant qu'ils portent atteinte à la dignité de la personne humaine. En toute chose, l'homme reste la fin absolue. Et comme Kant l'affirme : « l'Idée d'un droit cosmopolitique n'est pas un mode de représentation fantaisiste et extravagant du droit, mais un complément nécessaire du code non écrit, aussi bien du droit civique que du droit des gens en vue du droit public des hommes en général... »