L'auteur présente un travail de ré-interprétation de l'ensemble de la philosophie d'Edmund Husserl. Une des thèses centrales soutenues est que le phénoménologue Husserl et le philosophe idéaliste Husserl ne coïncident pas, que l'on peut trouver dans les travaux phénoménologiques de Husserl des développements originaux qui dépassent son idéalisme philosophique affiché, en direction d'une compréhension du phénomène tout à fait nouvelle. Une analyse critique des textes permet alors de cerner comment se constitue et se modifie une question qui, de part en part, détermine l'ensemble de la trajectoire : la question de l'extériorité. La distinction, inaugurale de la phénoménologie, entre le phénomène comme apparaître et le phénomène comme vécu, l'«essence» phénoménologique, a permis l'émergence de formes non-réelles de l'extériorité. Ainsi, la conscience de la temporalité d'un objet, la constitution de la spatialité d'une chose par le corps propre sont des phénomènes qui demandent des schémas descriptifs qui ne sont plus tirés des formes idéales de la réalité. Ces schémas esquissent une sorte de physique formelle du phénomène, en étrange résonance avec l'analyse formelle de la physique mathématique. Il en résulte une perspective inédite sur la place et l'avenir de la phénoménologie.