La pauvreté dérange car elle est l'expression d'une inégalité
difficilement acceptable dans une société globalement riche et
démocratique. Les pauvres ne représentent-ils pas le destin
auquel les sociétés modernes ont cru pouvoir échapper ?
Dans ce livre, mis à jour et complété pour cette nouvelle édition,
Serge Paugam propose une réflexion qui englobe tous
les éléments de cette question sociale. Il étudie
la pauvreté simultanément comme expérience vécue par
des hommes et des femmes situés au bas de l'échelle sociale
et comme un élément de la conscience que les sociétés
ont d'elles-mêmes et qu'elles cherchent le plus souvent
à combattre. Il revient sur les trois auteurs clés, Tocqueville,
Marx et Simmel, ayant marqué la réflexion sur le rapport
social à la pauvreté et développe à son tour une étude originale
qui s'attache non pas à la pauvreté en tant que telle, mais
à la relation d'assistance, à l'organisation de ce tout social auquel
appartiennent les pauvres. En s'appuyant sur de nombreuses
enquêtes comparatives, menées pour la plupart en Europe,
il définit ici de façon inédite les différentes formes élémentaires
que prend cette relation d'interdépendance : la pauvreté intégrée,
la pauvreté marginale et la pauvreté disqualifiante. La sociologie
de la pauvreté qu'il nous propose est ainsi avant tout
une sociologie du lien social.
Un livre préalable à l'action politique, qui entend stimuler
la réflexion pour, sinon éradiquer, du moins soulager
les souffrances de ceux et celles dont le destin, un jour ou
l'autre, croise celui de la pauvreté.