Les frontières concentrent les paradoxes de la mondialisation
: alors que leur déclin semblait programmé après la fin
de la Guerre froide, l'intensification contemporaine des
circulations et échanges s'accommode pleinement de
régimes de renforcement des frontières. Les frontières
deviennent des territoires où s'opère le tri entre flux désirables
et indésirables, entre biens et hommes, à travers des
dispositifs physiques ou administratifs dont les murs sont
l'aspect le plus visible. Inscrits dans des zones frontalières au
service des États, ils font aussi l'objet de subversions. L'espace
frontalier se fait aisément «zone grise» et interstice échappant
aux pouvoirs installés. La profondeur historique permet
de mieux saisir les conflits actuels qui se nouent autour de
cette forme politique en renouvellement perpétuel.