Quand on parle de la «jeunesse» aujourd'hui, on
pense plus souvent aux jeunes «des quartiers» qu'à ceux
de la campagne. Ces derniers, quand ils sont ouvriers,
sont alors doublement invisibles, comme «ruraux» et
comme «ouvriers». Les sociologues eux-mêmes se sont
peu intéressés à cette catégorie de population, pourtant
nombreuse. Ce sont ces jeunes «gars du coin» que fait
découvrir Nicolas Renahy dans cet ouvrage, fruit d'une
enquête menée pendant dix ans dans un village de
Bourgogne. Tandis que leurs pères et grands-pères
avaient bénéficié de la période faste du paternalisme industriel,
ces jeunes gens peinent à trouver leur place
dans un contexte de plus en plus précaire. Restés au village,
voués au chômage ou à une succession de petits
boulots, hantés par la crainte du célibat, ils tentent de
survivre socialement en se repliant sur les ressources
que leur offre le seul fait d'être «du coin».
L'auteur nous fait pénétrer dans ce monde des «gars
du coin». Il retrace leurs parcours familiaux et scolaires,
et s'intéresse à leurs espaces quotidiens (l'usine, le domicile,
le foot, les cafés...) et à leurs expériences intimes.
Il éclaire ainsi les tentatives individuelles et collectives
pour maintenir une honorabilité populaire menacée et
offre un portrait inédit d'une jeunesse rurale méconnue.