Mutations économiques, militaires et technologiques se combinent dans une accélération des décisions qui efface le temps du politique et fabrique un système sans tête, où les acteurs sont incapables de réguler la finance comme la violence. Une analyse ambitieuse d'un système mondial au bord du chaos.
Crise de l'euro et des dettes souveraines, occupations qui s'éternisent en Afghanistan ou en Palestine, restrictions des libertés liées à la lutte antiterroriste, corruption des élites, soulèvements des peuples : comment comprendre ce sombre panorama des premières années du XXIe siècle ? Comment expliquer que les États et l'ONU ne parviennent pas à enrayer cette spirale de désordres ?
Dans cet essai ambitieux, Alain Joxe répond à ces questions en analysant toutes les dimensions de l'empire global du néolibéralisme – qui déborde l'empire américain. La mondialisation de l'économie et de la finance vise à accumuler des profits sans limites, à enrichir les riches et appauvrir les pauvres. Une nouvelle noblesse rentière dénationalisée consacre ainsi la souveraineté des entreprises, au détriment de la fonction protectrice des États. Cette profonde mutation politique conduit à transformer les missions militaires en doctrines policières. Et un nouvel arsenal informatisé surgit (drones et munitions spéciales), utilisable contre les soulèvements populaires dans les pays du Sud comme du Nord. Alain Joxe montre ainsi comment la " révolution électronique " a entraîné à la fois la gestion informatisée des " marchés " et la robotisation de la guerre.
Mutations économiques, militaires et technologiques se combinent dans une accélération des décisions qui efface le temps long du politique et fabrique un système incapable de réguler la finance ni la violence. Pour en finir avec la dictature des marchés, une mobilisation éthique commence en faveur de la conversion de l'Ancien Monde en union fédérale solidaire, qui seule pourra restaurer la démocratie sociale à bonne échelle en maîtrisant la crise économique.