Galvanisé par le mouvement #MeToo, et se rangeant sous la bannière des luttes dites « intersectionnelles », un nouveau militantisme féministe « radical » prétend constituer une alliance des « minorités » face aux discriminations et à l'« invisibilisation » dont celles-ci seraient les victimes « systémiques ». Quelle est sa relation aux combats de longue date et à l'histoire du féminisme ? À quelles logiques de rupture obéit-il ? Les théories dont il se réclame, autour de ce qui a trait au « genre » notamment, que la doxa en vigueur conçoit comme un pur effet de la domination hétéropatriarcale occidentale et du « récit » tout-puissant qu'elle imposerait, ne le conduisent-elles pas au bout du compte à une impasse ?
Ce qui est en jeu ici, autant pour le féminisme que pour la société tout entière, c'est de comprendre un étrange et vertigineux fourvoiement qui menace de ruiner l'universel projet d'émancipation féministe.