Les hommes dans les mouvements féministes
Comment des hommes deviennent des militants féministes ? Dépassant l'apparent paradoxe de la question, ce livre y répond en développant une sociologie historique et politique de cet engagement statistiquement minoritaire et socialement improbable. À partir d'entretiens biographiques avec des militants et de sources d'archives diversifiées, il analyse ainsi les
contextes historiques et militants et les trajectoires sociales qui ont rendu possibles ces engagements féministes en France, depuis les débuts de la Troisième République jusqu'à la période contemporaine. Cette approche socio-historique des « carrières militantes » permet alors de distinguer deux principales modalités d'engagement des hommes dans des collectifs féministes : le registre humaniste, qui fonde les revendications au nom d'un individu universel, et le registre identitaire, mobilisé à partir d'un refus des assignations de genre. Dans l'un et l'autre cas, l'engagement des hommes n'est possible qu'au prix d'une appréhension du féminisme comme un mouvement désindexé de la seule expérience des femmes et de trajectoires sociales spécifiques. Au-delà d'un regard original sur les mobilisations féministes, ce livre contribue ainsi à enrichir la compréhension des engagements militants, invitant à saisir les dimensions genrées et les ressorts identitaires du militantisme et à prendre en compte les effets du sujet politique des mouvements sociaux sur les logiques d'engagement.