La seconde moitié du XIIIe siècle est une période charnière dans l’histoire de la culture écrite de l’Occident latin. Dans le comté de Flandre, sous Marguerite de Constantinople (1244-1278) et Gui de Dampierre (1278-1305), c’est le temps où la prédominance de la charte cède le pas à l’essor des pratiques administratives au sens large. À cet égard, le développement de la principauté flamande s’inscrit dans une évolution qui touche, à quelques décennies d’intervalle, la plupart des administrations royales, princières et seigneuriales de l’Europe occidentale. L’originalité de la Flandre réside néanmoins dans sa précocité à mettre au point certains outils administratifs (registres, formulaires, mentions de commandement des actes, etc.), au soin porté à la conservation de l’écrit au sens large – notamment aux documents préparatoires – et à l’émergence progressive de premières fonctions bureaucratiques intimement liées au déploiement de ces pratiques documentaires. Parmi ces fonctions se distinguent particulièrement celles de receveur général des finances, de maître et receveur des « terres nouvelles » du comte et de « chancelier de facto ». Ces agents princiers et leurs subalternes sont les acteurs talentueux d’un XIIIe siècle qui les a vus façonner l’administration du comté de Flandre, pôle culturel, économique et politique majeur de l’Europe du Nord-Ouest au Moyen Âge.