Un jour, dans un pays lointain, aux dernières heures d'une guerre civile, venant d'un autre continent, une femme pose ses pieds nus sur les traces de son père. Ainsi commence Les hommes désertés. L'Histoire, la grande, celle qui fait rouler les vies dans les fleuves, se mêle à l'autre, la petite, celle d'une enfant cherchant son père, étrangère à tout, portant en elle le droit de savoir, celui de connaître. Ce jour est un dix-sept avril. La fin de la guerre. On y parle de fuite, de désertion, d'urgence, d'acceptation et bien sûr de mémoire. L'humanité disparue, les corps s'emplissent d'une autre substance. Inconnue. Pourtant, cette nuit est aussi celle d'une merveille physique. Une voix traversera la distance la séparant d'une autre voix, s'entourera d'une nouvelle bouche et plus tard, bien plus tard, se mélangera. Alors, par cette étrange mélodie, quelque part en notre chair, elle continuera d'exister.