"Si l'Europe continue à s'aveugler sur ces choses", ainsi s'exprime
Rudolf Steiner le 16 novembre 1917, "alors il en ira de cette pauvre
Europe comme il en fut de la Grèce vis-à-vis de Rome. Cela ne doit
pas être ; le monde ne doit pas être géographiquement
américanisé. Mais il faut d'abord qu'on comprenne. Il ne faut pas
prendre les choses avec aussi peu de sérieux qu'on les prend
aujourd'hui à bien des égards. Il est nécessaire que ce qu'on
appelle la Science de l'esprit pénètre vraiment dans les concepts
sociaux et les concepts politiques. Car l'effort de l'Amérique
aboutit à tout mécaniser, à tout enfermer dans le domaine du
naturalisme pur, à effacer petit à petit la civilisation de l'Europe de
la surface de la Terre. Il ne peut en être autrement !"
Si une telle impossibilité d'autre chose conduisait à un effacement
total de la culture européenne, alors en vérité une véritable
perspective européenne ne pourrait se faire en assujettissement à
l'Amérique. Cela dépendra du fait de savoir si la culture de
l'Europe du Centre, devenue phraséologie, pourra se résoudre à
s'élever dans un avenir proche à une spiritualisation, à une
véritable vie de l'esprit et si les discussions assoupissantes autour
du "combat contre le terrorisme" ou autour des réformes de
l'orthographe seront remplacées par des efforts véritables pour un
penser juste et une connaissance spirituelle pleine de coeur. Puisse
ce petit livre contribuer à renforcer l'intérêt pour de vastes points
de vue historiques et politiques universels en Europe du Centre -
tant qu'il reste quelque chose à décider en Europe !
Thomas Meyer