Depuis le Xe siècle et le baptême du prince Vladimir en 988, les Russes n'ont jamais cessé de peindre et de vénérer les icônes. Reçues de Byzance comme des images de culte, des « images non faites de la main de l'homme », les icônes sont tenues pour miraculeuses, placées dans les églises et les maisons, encensées et éclairées par les cierges, emportées sur les champs de bataille, touchées et embrassées. Par leur « emploi », elles manifestent leur double nature, codifiée par les Pères de l'Église : d'une part, des images qui renvoient au prototype immatériel ; d'autre part, des objets « saints » matériels, conservateurs et transmetteurs de l'énergie divine.
Olga Medvedkova retrace l'histoire des icônes en Russie, longtemps associées à la culture populaire, avant de devenir, au début du XXe siècle, des images esthétiques, comparables pour les élites russes aux oeuvres des primitifs italiens.