Le frère Jean Aubrun fut moine bénédictin. En 1995, il publia
un petit livre savoureux : Les oubliés de l'Évangile. L'idée était
simple, à la fois humoristique et spirituelle : les récits évangéliques
fourmillent de personnages secondaires, dont on ne sait rien,
ou pas grand-chose. Qui étaient les voisins de la Samaritaine,
l'aubergiste d'Emmaüs, la servante du palais du Grand Prêtre ?
Après sa mort, ses frères de l'abbaye saint Martin de Ligugé, près
de Poitiers, retrouvèrent dans ses archives d'autres portraits tout
autant savoureux, qu'ils nous offrent aujourd'hui.
Il y a le couple d'hôteliers de Bethléem avec qui l'histoire a peut-être
été bien injuste ; l'homme à qui on n'a pas demandé son
avis pour faire passer par le trou de sa toiture un paralytique ;
le gamin aux cinq pains et deux poissons qui n'en demandait
pas tant... «Pas bête le gamin ! Ses pains et ses poissons, les
gens seraient bien contents de les trouver tout à l'heure...».
Avec un vrai talent de conteur et un art consommé pour éclairer
d'une lumière nouvelle des épisodes de l'Évangile bien connus,
Jean Aubrun, au-delà du simple exercice littéraire, donne à méditer
et nous aide à relire avec un oeil neuf gestes et paroles de
Jésus. Il aurait été dommage que ces femmes, ces hommes, ces
enfants restent les «inconnus» de l'Évangile !