Les larmes du Marigot
On ne change pas sa nature. Le séjour d'un tronc d'arbre dans l'eau ne le transforme pas en crocodile. Des années se sont écoulées. Atoumani sait qu'il ne peut pas changer le cours inexorable du destin.
À quoi s'attend-il après tant d'années d'absence ? A-t-il oublié ce que Gnokossenako, son grand-père, lui avait appris ? « Avance, avance et avance mon Oiseau car le jour où tu arrêteras d'avancer, tu regarderas derrière toi. Alors, tu renonceras à poursuivre ton chemin ». Quelle influence ses propos ont-ils exercée sur Atoumani contraint de s'éloigner de ses racines ancestrales ?
Devant ces pensées enchevêtrées le malmenant, le petit Atoumani devenu grand fait appel à vingt-huit ans de bonne mémoire : il va tenter de voir s'il a été fidèle à la voie tracée par le grand-père. En acquérant le pouvoir de transposer les choses, les objets, les mots et les forces qui les constituent ainsi que celui de convoquer les aïeux dans le monde réel, Atoumani se pose comme juge du passé et du présent. Il décrit les émotions qu'il éprouve lorsqu'il replonge dans une Afrique en voie de disparaître.
Par là, il montre qu'un retour aux sources ne dépend plus de la seule volonté des aïeux mais d'une prise de conscience déclenchée par les artisans de sa renaissance.