L'Église a régné par la terreur, le quadrillage de l'espace et du
temps, l'ignorance systématiquement propagée. Longtemps
quelques érudits furent les seuls à mentionner le nom des
audacieux qui bravèrent le totalitarisme religieux. Georges
Eekhoud compta parmi les premiers à révéler au grand public
quelques agitateurs qui au péril de leur vie menèrent un combat
sans merci contre l'inhumanité catholique et protestante.
C'est à lui que je dois la découverte de Tanchelm, des
Hommes de l'Intelligence et d'Éloi Pruystinck.
L'histoire du christianisme ignore délibérément le mouvement
du libre-esprit, qui du XIIe au XVIe siècle oppose au puritanisme
hypocrite de l'Église et à son mépris de la nature humaine
et terrestre la liberté des désirs, de la jouissance amoureuse,
de l'affranchissement individuel et de la solidarité - ce que
Georges Eekhoud appelle joliment un «anarchisme érotique»
(Raoul Vaneigem)