À voyager à travers les peuples, la première impression de l’observateur superficiel est que les phénomènes de la vie sociale échappent à toute formule générale, à toute loi scientifique, et que la prétention de fonder une sociologie est une chimère. À quelles conditions la sociologie peut-elle être considérée comme une science ?
C’est à trois conditions, qu’il importe de distinguer bien nettement pour se faire une notion précise et complète de ce qu’il convient d’entendre par ce substantif et cet adjectif si usités, science et scientifique. Ces conditions sont : les répétitions, les oppositions et les adaptations qu’elle renferme. Ce sont là les trois clés dont la science fait usage pour ouvrir les arcanes de l’univers. Ces trois considérations sont aussi nécessaires pour indiquer ce que la sociologie doit être si elle veut mériter le nom de science, et dans quelles voies doivent la diriger les sociologues s’ils tiennent à cœur de la voir prendre décidément le rang qui lui appartient. Elle n’y parviendra, comme toute autre science, qu’en possédant et en ayant conscience de posséder son domaine propre de répétitions, son domaine propre d’oppositions, son domaine propre d’adaptations, toutes caractéristiques et bien à elle.