Depuis l'époque romantique, l'imaginaire collectif associe volontiers l'an mille à une ère de violence et de superstition, avec son cortège de guerres, de famines et d'épidémies. Fléaux du temps que les mentalités médiévales auraient interprétés comme autant de signes annonciateurs de la fin du monde. Comme le démontre avec force Pierre Riché, cette vision cauchemardesque d'une époque hantée par la catastrophe n'a qu'un très lointain rapport avec la réalité. Car les années autour de l'an mille furent, d'abord et surtout, l'âge d'une renaissance intellectuelle et artistique en Occident. Elles virent l'entrée dans la chrétienté des nouvelles églises de Hongrie et de Pologne. Deux personnalités dominent cette époque charnière : le tout jeune empereur Otton III et le pape Gerbert-Sylvestre II, le plus grand savant de son temps. Empereur et pape s'entendent – fait exceptionnel au Moyen-Âge – pour faire de Rome leur capitale