Entre le début de notre ère et les années 260, l’appartenance à une association professionnelle, cultuelle ou funéraire a présidé à la définition du rang social de nombreux habitants de l’Italie et des Gaules romaines. Aussi ce livre porte-t-il au jour la place que les membres des associations romaines, les collegiati, occupaient dans leurs sociétés. L'appartenance à un collège faisait naître un sentiment de respectabilité, et permettait parfois d'acquérir un réel prestige. Cette respectabilité et ce prestige résultaient de l’insertion des associations dans les cités : le rang de collegiatus était de nature civique. L’association correspondait à l'un des groupes dans lesquels les collegiati nouaient des relations interpersonnelles, et l'interaction de ces multiples appartenances déterminait leur position sociale. Toutefois, le rang des collegiati, tel qu’il apparaît dans les sources disponibles, n'est pas une donnée objective. Il est au centre d'un discours épigraphique construit par les collegiati eux-mêmes. Les membres des associations se plaisaient à décrire leurs destinées comme des réussites. Cependant, leurs discours comportent des omissions, et des pans bien choisis du réel côtoient fréquemment l'exagération, la métaphore ou le fantasme.