Amours des dieux et des héros
Ovide
Les Métamorphoses
Le Temps coule insensiblement, il s'envole sans qu'on s'en doute ; rien de plus rapide que les années ; celui qui était fils de sa soeur et de son grand père, qui naguère avait été enfermé dans un arbre, qui naguère avait vu le jour, qui hier encore était un bel enfant nouveau né, le voilà maintenant un jeune homme, le voilà un homme et voilà que par sa beauté il se surpasse lui-même ; voilà qu'il charme jusqu'à Vénus et qu'il se venge sur elle de la passion inspirée à sa mère. Car, en donnant un baiser à Vénus, le petit dieu armé du carquois a effleuré, sans le savoir, avec le roseau d'une flèche qui dépassait le
bord, la poitrine maternelle. La déesse, se sentant blessée, a repoussé son fils ; mais le coup avait porté plus loin qu'il ne semblait et elle-même s'y était trompée tout d'abord. Séduite par la beauté du jeune homme, elle oublie les rivages de Cythère ; elle cesse de fréquenter Paphos...
Les Métamorphoses
Le talent d'Ovide (Sulmona, 43 av. J.-C.-Tomes, 17 apr.J.-C.) s'épanouit, aux alentours de l'an I avant J.-C., dans cette oeuvre maîtresse dont le présent recueil offre neuf récits parmi les plus beaux. L'amour y parcourt, avec la séduction et le désir, l'existence des hommes comme celle des dieux qu'ils rencontrent. Dans cet intermonde propice à la permanence de la vie, chacun est voué à la transformation pour assouvir ses passions, ou à cause d'elles. La nymphe Syrinx poursuivie par le dieu Pan, dont elle repousse l'amour, est transformée en roseaux des marais. Zeus s'enflamme pour la belle Europe et se change en un taureau d'une éclatante blancheur, aux cornes semblables à un croissant de lune, pour l'emmener
au-dessus des flots jusqu'en Crète. L'appel du fantastique transparaît à merveille à travers toutes ces histoires, comme autant d'évocations de l'essence grandiose de la mythologie.