Ce livre retrace l'histoire d'une passion d'écrire, depuis Naissance de l'Odyssée (1927) où déjà à travers Ulysse se construit la figure ambiguë de l'artiste à la parole rusée, jusqu'aux livres de braise des récits ironiques. Entre Ulysse et Tringlot (L'Iris de Suse, 1970), l'œuvre affrontera de nombreuses tentations dont les plus fascinantes furent celles du romantisme lyrique de Bobi et du sublime sentimental d'Angelo. Elle dialogue aussi avec des maîtres exigeants, ceux dont la parole soupçonne et dénude le réel — Machiavel, Pascal, Nietzsche — ceux qui continuent à rêver de Brocéliande — Cervantes. Melville — et ceux qui tendent leurs filets trop haut — Stendhal — en un amour flamboyant du romanesque et de l'inutile. L'esthétique de Jean Giono est donc le récit d'une incessante métamorphose qui met en scène l'écrivain aux prises avec son œuvre. Romantisme, lyrisme, modernité, sublime, ironie, désenchantement sont les maîtres-mots de cette quête du Splendicle-Hôtel de l'œuvre, ce lieu improbable où les images mettent "à chaque instant du bois au feu" pour éclairer le "terrifiant visage du monde"