Des formes luxuriantes des Vénus de Titien aux mannequins
exsangues du XXIe siècle, de la valorisation des chairs à
l'apologie de la maigreur, Georges Vigarello retrace la
genèse de l'obsession contemporaine du corps mince et sain,
libéré de la pesanteur du gras, et met au jour l'ancienneté de la
préoccupation féminine de la minceur - sous de multiples formes
au cours des âges.
Des gros en majesté, des gloutons méprisés jusqu'à la stigmatisation
récente de l'obésité, la perception du gras n'a cessé d'évoluer :
à l'origine symbole d'opulence, de puissance et de prestige,
l'embonpoint est ensuite perçu comme un signe de relâchement
autant physique que moral, et la société condamne aujourd'hui
ce qui apparaît comme un échec inacceptable de la volonté. Le
corps humain abrite et reflète les tensions sociales qui opposent
pauvres et nantis, puissants et dominés, hommes et femmes... et
tend à la société un miroir où forme(s) et poids se révèlent des
repères essentiels de la civilisation occidentale.
À travers l'autopsie des corps adipeux, l'inventaire des techniques
médicales d'amaigrissement, l'apparition progressive de la balance
et des régimes, cette histoire inédite met en lumière la dictature de
l'apparence, qui ne semble pas devoir un jour cesser.