Fort d'un nombre de salariés équivalent aux effectifs de la fonction
publique territoriale, aux statuts multiples auxquels s'ajoutent
14 millions de bénévoles, mais aussi des volontaires et des stagiaires,
le monde associatif est devenu un véritable marché du travail. Pourtant,
dans les représentations collectives, ce monde demeure consacré comme
celui du bénévolat, au don de soi et à l'engagement citoyen. Loin d'être
un monde «hors du monde», il cristallise les «grandes transformations»
qui caractérisent la société salariale : d'une part, il est le lieu de luttes
de classement dans la définition des frontières entre secteur marchand
et secteur non-marchand. De l'autre, il mêle des pratiques que la société
reconnaît comme relevant de la sphère productive puisqu'elles sont
intégrées au salariat, à des prestations réalisées dans le cadre du
bénévolat et du volontariat. En ce sens, il interroge les catégories
traditionnelles du «travail».
Cet ouvrage démontre ainsi que la catégorie des «travailleurs associatifs»
constitue désormais une fraction du salariat que l'on ne peut plus
ignorer. Car l'explosion du travail associatif ne peut être interprétée en
dehors des mutations de la fonction publique, tout simplement parce
que ce travail incarne une forme alternative de service de l'intérêt
général. De fait, le salariat dans le secteur associatif représente une
alternative de plus en plus sérieuse à la raréfaction des postes de
fonctionnaires, en particulier pour les jeunes sortants de formation qui,
en d'autres temps, se seraient destinés à servir la collectivité en intégrant
la fonction publique.