Les Mille et Une Nuits et l'Histoire
Sans chercher à présenter un « Résumé » des Mille et Une Nuits, à partir de l'analyse de certains contes et fragments de contes, Jean-Claude Garcin a voulu montrer comment l'utilisation d'« indices contextuels » permet de replacer ces contes dans l'Histoire.
Autant que nous pouvons le savoir, des Nuits antérieures à celles que nous connaissons ont souvent recueilli des anecdotes historiques. Au XVe siècle, un auteur syrien a entrepris de créer de nouveaux contes des Nuits, bannissant les recours à ces anecdotes historiques, sans pouvoir en exclure l'incontournable Hârûn al-Rashîd, mais en faisant de lui un « personnage de conte », buté, ivrogne et un peu sot. L'Histoire était donc bannie des contes.
Après l'occupation de la Syrie et de l'Egypte par les Ottomans en 1517, la composition de contes pour les Nuits semble avoir connu un temps d'arrêt. Puis sont apparues « les Nuits modernes ». A nouveau, on a composé des contes en respectant la norme établie par le Syrien : aucun personnage historique n'était cité sous son vrai nom, mais les contemporains pouvaient, comme nous aujourd'hui, décrypter facilement les allusions à leurs princes. C'est donc à un grand « retour de l'Histoire », bien que masquée sous la forme de « contes », qu'on assiste au XVIIe siècle, « le grand siècle des Nuits modernes ». Mais, au siècle suivant, il a manqué aux auteurs l'inspiration de l'histoire générale de l'Empire ottoman dont les provinces arabes faisaient partie.
Situant différents contes dans la chronologie, Jean-Claude Garcin rétablit le rapport paradoxal qui unit l'Histoire aux Mille et Vue Nuits : pas d'Histoire dans les contes, mais pas de contes sans l'Histoire.