Loin des vacarmes et des contraintes
imposés par les sociétés contemporaines,
le moine reste une énigme. Exilé, pénitent,
imprécateur, prophète, il témoigne
d'autres réalités que celle du visible.
Toutes les cultures lui ont fait place
et, peut-être plus qu'ailleurs, celles de
l'Europe médiévale. La règle bénédictine
établie au VIe siècle par Benoît de Nursie
est sans doute à l'origine de la réussite
exceptionnelle des moines d'Occident.
Dès le IXe siècle, ils conquièrent les plus
hautes charges : conseillers des princes,
administrateurs, financiers, seigneurs
de vastes domaines, historiens officiels,
chevaliers ; les moines interviennent
bientôt dans tous les cadres de la vie
religieuse, politique et sociale.
Aux XIe et XIIe siècles, les moines d'Occident
sont au faîte de leur puissance : c'est
le temps du triomphe des abbayes
de Cluny et de Cîteaux qui essaiment
dans toute l'Europe, imposant leurs
modèles d'organisation, leurs usages
liturgiques et leur esthétique. Spécialiste
du Moyen Âge, Guy Lobrichon retrace
l'histoire de ces moines d'Occident
qui ont fait l'éternité de l'Europe.