Il était nécessaire de fournir une réflexion sur une catégorie majeure de l’œuvre rabelaisienne, mais peu arpentée pour elle-même : le monstrueux. Le large bestiaire tératologique qui peuple les romans de Rabelais est ici envisagé selon plusieurs biais successifs : sa caractérisation, son archéologie au regard de la philosophie naturelle, son positionnement particulier entrevu sous l’angle de l’histoire de l’art et des représentations du monstre, son économie dans les différents régimes du texte littéraire (narration, énonciation, description, recours intertextuels). Ce parcours permet in fine de mettre au jour les mécanismes d’une herméneutique du monstre qui reproduit dans le cadre du récit – et plus particulièrement par la manière dont les personnages et la voix narrative mettent en mots la rencontre avec des phénomènes naturels étranges – les préoccupations interprétatives du lecteur lui-même face au texte de Rabelais.