Ce livre veut être un hymne aux mots et aux livres.
Tout simplement parce que j'en ai la passion. Certains
s'étonneront peut-être de la présence d'un tel sujet, qui n'est
pas dans mon propos général. Mais, après tout, qu'aurai-je
fait jamais sinon chercher ce que le mot «Dieu» pouvait
bien signifier ? C'est que les mots, non seulement donnent
à penser, mais sont déjà eux-mêmes des pensées. Ils ne
ressortissent pas simplement à l'indispensable nomination
des choses, ils ont un poids qui leur vient d'eux-mêmes.
C'est que les mots ne désignent pas simplement, ils
signifient, ils font signe. Depuis la Genèse, l'homme s'est
vu confier la création des mots, sans lesquels la réalité
est chaos. Ils ont une capacité vertigineuse d'engendrer,
participant du Verbum seminale primordial. Ils relèvent
d'une création souveraine. L'homme est un être au
nominatif.
Et puis, de même famille, il y a les livres. Recueils
indestructibles qui se transmettent de génération en
génération, et disent le point du jour, le mitan de nos vies
et le soir de celles-ci dans cette seconde nature que sont
la fiction, le récit et la poésie. Ils nous font faire des
voyages extraordinaires, qui souvent surpassent les
voyages «réels». Et chacun y trouve son instant
de miracle.
Aussi bien parlerons-nous aussi de ces lieux sacrés
que sont certaines bibliothèques où passent les anges
herméneutes, ces grands passeurs de mots. Les livres sont
un festin des hommes, comme il y a les festins des dieux.
Comme dans l'Apocalypse, tous les livres ont sept sceaux,
que nous ouvrons aux enfants comme lignes de destin.
Les livres sont là pour nous conduire dans l'aventure
de notre vie. J'ose l'espérer de celui-ci.