La poésie a affaire (à faire) avec la langue. C'est entendu... Gilles Plazy, avec ces petites notations, s'essaye à poursuivre au-delà. Ce qui est sûr c'est que la poésie échappe aux règles du discours - surtout celui de la « mélasse médiatique » - et au jeu social du sens. La poésie serait « l'autre de la prose » et se situerait « aux limites de la langue » : entre éruption et brisure, elle « déroute la signifiance », « au risque de l'incompréhension », mais au profit d'un « délire » qui fait communauté.
Ainsi la poésie ne peut-elle servir à l'affirmation d'un quelconque « moi identitaire » ; ni ne veut que l'ego du poète prenne poids ; elle n'a pas non plus comme dessein de faire « oeuvre » - « cette folle obsession » d'une totalité absolue ; et enfin, la fabrication « des chimères » ne peut tenir lieu au poète d'art poétique.
La poésie est d'abord expérience, une « saisie de l'abîme » pour mieux s'éloigner - dans un beau retournement - du « néant », trop parsemé de « raison raisonnante », trop étouffé de « logique restrictive ». La poésie est cet espace du « questionnement sans fin de l'homme sur lui-même et sur son rapport au monde ».