Une épreuve terrible, discrètement évoquée, éloigne longtemps de tous les intérêts vitaux la mélancolique grande fille dont ce livre garde le souvenir et que peu à peu il métamorphose. Les mots auparavant lui étaient refusés et rien ne parvenait à apaiser son insupportable angoisse. Puis les mots lui deviennent enfin accessibles, de semaine en semaine ils accompagnent sa renaissance dans un rituel d'écriture qui répare progressivement la douleur, qui apaise les traumatismes, les pertes irréversibles, les deuils obsédants.
Ces carnets de survie scandés comme un poème sont un pain quotidien partagé avec les amies fidèles, les compagnons de route, les chers disparus, et bien sûr aussi les lecteurs. Leurs aveux, leurs insolences, leurs gourmandises, leurs confessions, leurs espiègleries, leurs jeux de mots, leurs libertés syntaxiques, au-delà de l'effet salvateur de l'écriture, nous offrent un moment bouleversant de littérature.