La question des délocalisations d'activité vers les pays
à bas salaires est souvent minimisée dans la littérature économique.
Pour lui donner tout son sens, il faut la replacer
dans l'opposition entre le capital et le travail, dans la tentative
permanente du capital de remettre en cause un rapport salarial
contraignant. De façon croissante, les firmes multinationales
sont en mesure d'utiliser à leur profit les disparités internationales
de niveaux de rémunération et de conditions d'emploi,
mettant ainsi les salariés en concurrence. Elles ont constitué
de véritables bases productives à bas salaires : au Mexique
pour les firmes américaines, en Asie orientale pour les firmes
japonaises, en Europe centrale et orientale ainsi que dans les
pays méditerranéens pour les firmes européennes. Les transferts
d'activité vers ces zones périphériques modifient la
nature même de la division internationale du travail. La plupart
des salariés engagés dans la production de masse
standardisée sont ainsi soumis à un système mondial du travail,
régi par les multinationales.