Les nouvelles figures mythiques du cinéma espagnol (1975-1995)
À corps perdus
Dans les années 1970, principalement après la mort de Franco en 1975, le cinéma espagnol brise ses carcans. De nombreux réalisateurs mettent à mal les vieux tabous imposés sous la dictature. Le plus connu d'entre eux, Pedro Almodóvar, introduit des personnages dont les corps traduisent les mutations en cours en transgressant les limites traditionnelles des identités sociales, culturelles et sexuelles. Dans ce cinéma post-franquiste, les femmes se rêvent autonomes, désirantes ; les homosexuels vivent leur passion sans se cacher ; les transsexuels brouillent les cartes familiales et les délinquants sont montrés comme partie intégrante de la société.
Tous ces « corps perdus » engendrent de nouvelles figures mythiques sous forme de corps prototypes (assimilables à de nouvelles images exemplaires) qui transforment les stéréotypes (renvoyant à des valeurs archétypales). Ils expriment une pensée cinématographique sur la toxicomanie, le terrorisme, les gitans, la sexualité sous tous ses aspects, la femme (mère ou fatale), etc.