« Quand il s'est présenté au bureau de recrutement, comme volontaire, l'officier responsable a été pris de court. Il n'avait jamais vu ça, un poète qui s'engage.
Un artiste qui demande à tenir un fusil.
Il n'était pas persuadé que ça plaise en haut lieu. D'un autre côté, il s'était dit que ça finirait par en faire moins, des artistes et des bohèmes, s'ils montaient au casse-pipe. Une bonne occasion de faire le ménage. Il avait apposé son cachet. Sans remplir l'article "profession" du formulaire d'inscription.
Les soldats avaient accueilli Kostro parmi eux. Les officiers lui avaient tapé sur l'épaule. Moncapitaine avait loué son courage. Comme si c'était plus dur de se battre, pour un poète, que ce ne l'était pour un fort des Halles ou un notaire. Alors que c'était bien plus facile. Apollinaire s'en était immédiatement rendu compte. »
1916 : tranchée de première ligne, au lieu-dit le Bois des Buttes. Le 17 mars, le sous-lieutenant Cointreau-
whisky, alias Guillaume Apollinaire, engagé volontaire, reçoit un éclat d'obus à la tempe. Raphaël Jerusalmy nous entraîne aux côtés du poète et de ses hommes en un cruel et palpitant compte à rebours, heure par heure, avant l'impact.