C'est un monde d'images superbement obsessionnelles, aux capillarités profondes, lestées de peurs et de passions, que nous offre Pierre Skira [...]. Entre équilibres pétrifiés et appels à l'engouffrement, un roman bouleversant. Le Matricule des anges
Zsuzsa s'éloigne de nous. Agenouillée, immobile, prostrée, un léger tremblement la parcourt. Nous voulons l'assaillir de moqueries mais la gravité de la situation paralyse nos intentions. Les jambes sous l'eau, les habits mouillés, les mains rendues translucides par le froid, elle agit comme si nous n'existions pas, sans une parole, aussi fermée que la roche. Elle escalade le rocher, trébuche, se redresse, mi-animal mi-végétal, elle atteint son carré magique. Heureuse de parcourir ce territoire inhabité où il n'y a personne pour lui poser des questions, personne pour lui faire face. Elle sait gré à cette montagne de cristal d'avoir gelé le temps.
Trois adolescents confrontés à la folie du monde, qui empruntent leur respiration au souffle du glacier, à l'immuabilité de la forêt... Deux garçons fascinés par leur compagne de jeux : Zsuzsa venue de nulle part, qui parle une langue hachée, saturée de mots inconnus, dont l'amnésie est le territoire...