De quand date la France ? Au lendemain de la Révolution, lorsqu'il
apparut que les recherches historiques ne pouvaient plus concerner
la royauté seulement, mais le peuple tout entier, la question fut posée
avec une insistance extraordinaire. Elle hanta les frères Thierry, Guizot,
Michelet, Quinet, Fustel de Coulanges, Vidal de la blanche, Lavisse, Jullian.
Les origines nationales devinrent l'objet d'une quête qui, pendant plus
d'un siècle, mobilisa les meilleurs historiens du pays.
En dix brefs chapitres suivis d'une petite anthologie, cet essai à l'écriture
alerte examine les théories qui tentèrent d'élucider le mystère des origines
de la France. On y reconnaîtra les Francs, les Gaulois, le baptême
de Clovis, l'héritage romain, la «révolution» du XIIe siècle, celle de 1789
ou encore les débats qui entourèrent les notions de territoire, de langue
et de race. On y retrouvera aussi les métaphores de l'arbre, du sang, de
la famille, de la personne, du fil, du germe, du chêne, par lesquelles les
historiens exprimèrent alors leurs conceptions des origines nationales.
Ces théories font sourire les historiens d'aujourd'hui, héritiers de
ceux qui, depuis les années 1930 au moins, ont brillamment dénoncé
l'«idole des origines». Mais elles demeurent présentes dans le débat
public, où la dangereuse notion d'«identité nationale» a conforté leurs
positions. En rappelant l'histoire de ces théories et de leur réfutation,
Sylvain Venayre propose une solution élégante et savante pour les en
chasser. Car faire l'histoire d'un problème, c'est sans doute la meilleure
manière de commencer à le résoudre.