Le régime de Vichy marque-t-il une rupture profonde dans
l'histoire contemporaine de la France ou faut-il y voir le prolongement
des dérives de la IIIe République ? Question fondamentale
que G. Noiriel reformule en montrant dans quelle
mesure le passé républicain a marqué le présent de Vichy,
sans que les acteurs en aient forcément conscience. L'auteur
reprend des dossiers considérés aujourd'hui comme clos (la
législation raciale, le problème du «fichier juif»...) et il les
remet en perspective dans la longue durée. L'étude minutieuse
des formes juridiques de discrimination à l'encontre des
Français d'origine étrangère permet ainsi de mieux comprendre
comment les partisans de la «Révolution nationale» ont
pu légitimer leur politique tout en continuant à se réclamer de
la République.
Pour éclairer cette période sombre, mettre en cause la responsabilité
des individus ne suffit pas. Il faut aussi s'interroger sur
les origines structurelles de Vichy. Telle est la nouveauté de ce
livre qui ne manquera pas de susciter un débat sur la nature de
l'Etat républicain et ses contradictions.