Les Palikares grecs et leurs avatars
En Grèce, durant les Combats d'indépendance (1821-1829),
le klephte, ce bandit des grands chemins, s'engage dans la
guerre contre l'Ennemi, et, s'illustrant par ses hauts faits
d'armes, est désormais perçu comme un vaillant guerrier, le
palikare, héros invincible, capable à lui seul de décimer tout
un corps d'armée. Toute nation, on le sait, a besoin de figures
emblématiques qui assurent son fondement. C'est ainsi que,
sous la plume des écrivains grecs ou des voyageurs européens,
le palikare subit une mythification qui le fait ressembler aux
héros des épopées antiques, et que la nation grecque, toute
nouvelle (1830), fige cette figure en symbole de la patrie.
Mais cette dénomination finit par se banaliser pour
s'appliquer aux jeunes gens particulièrement courageux et
même aux petits enfants qu'on veut féliciter.
Ce sont ces figures du palikare que présente cet ouvrage :
d'abord le klephte ayant pris les traits d'un vaillant guerrier,
encensé par les écrivains grecs ou français, ensuite le
personnage plein de bravoure, pour terminer sur la figure
parodique du palikare-polisson, qui ne rappelle plus que de
loin ses ancêtres glorieux. La gloire se transporte du côté des
pitreries et du jeu, un jeu qui garde toutefois, en arrière-plan,
la notion de défense de la patrie.