Au temps où ce livre fut écrit, la foule réunie sur le Forum d'Alger hurlait : « Les paras, à Paris ! » et, de la Bastille à la République, l'écho répondait : « Les paras, à l'usine ! » L'échec du putsch d'avril 1961 devait expédier un certain nombre de leurs chefs en prison ou en exil.
Les parachutistes ? Des assassins, des archanges sauveurs, des SS, des héros, des factieux... Glorification ou exécration : les jugements étaient sans nuances. L'auteur, qui venait d'accomplir son service militaire dans un régiment para, ne reconnaissait pas dans ces portraits ses camarades appelés, montrés comme s'ils étaient prédestinés à devenir des héros ou des tortionnaires. En revanche, il avait assisté, fasciné, à la métamorphose qu'accomplissait en eux le dressage conduit par un encadrement habile à traiter les jeunes gens. On ne naît pas parachutiste : on le devient.
C'est cette fabrication qu'il a voulu raconter ici, établissant le parallèle qui s'impose avec les méthodes grâce auxquelles les nazis capturèrent les esprits et les corps de la jeunesse allemande, ou encore avec le phénomène des bandes qui instaurent dans les banlieues des contre-sociétés régies par des codes qui n'ont rien à voir avec la loi commune.