Le colloque sur les paraphrases bibliques aux XVIe et XVIIe siècles qui s'est tenu à Bordeaux en septembre 2004 a réuni des chercheurs venus d'horizons divers pour mener une réflexion sur une pratique d'écriture très féconde à l'époque, quoique déroutante à la fois par la diversité des champs qu'elle recouvre (théologie, liturgie, littérature, musique) et par la variété des postures qu'elle adopte ou des visées qu'elle poursuit (traduction, exégèse, homélie, sermon, imitation ou explication poétique). La marge de manœuvre que la démarche même de la réécriture laisse au paraphraste lui permet de franchir les limites imposées aux genres traditionnels, et de s'aventurer sur des chemins de traverse qui sont pour son œuvre autant d'occasions de démontrer ses facultés de souplesse et de rénovation. Réécrire, qu'il s'agisse d'expliquer, d'interpréter ou tout simplement de répéter, c'est s'approprier le discours de l'autre. Sous cet angle, l'appellation de paraphrase se révèle trompeuse : elle n'est pas un acte de subordination idéologique ou littéraire, mais bien plutôt l'apprentissage d'une forme de liberté - liberté de pensée, liberté d'écriture, séparées ou conjuguées selon les cas. Le choix du texte de base, son interprétation idéologique, sa translation formelle, son utilisation (liturgique, polémique, pastorale ou autre), tels sont les indices d'une singularité qui s'élabore et s'affirme en bordure de l'autre.