Comment devient-on un écrivain moraliste ?
Qu'est-ce qui vous amenée, Madame la Duchesse, à coucher sur le papier le fruit de vos cogitations profondes et solitaires et à les mettre à la disposition de l'humanité inquiète et désorientée ? Vous l'avouerai-je ? Je me suis même demandé ce que vos choix littéraires devaient à votre particule (quoiqu'en principe, cela relève plutôt de la partie tête) ? Car, en vous remémorant les noms de François de la Rochefoucauld, Jean de la Bruyère, Luc de Clapier marquis de Vauvenargues, Nicolas de Chamfort, il a pu vous sembler, chère Émilienne-Adélaïde de Calavas, que ce « de » (qui vous paraissait si emcombrant dans vos années frondeuses) était à considérer comme un signe de la destinée. Ce qui n'empêche pas votre inspiration de voisiner plus souvent avec celle de Pierre Dac qu'avec celle du grand La Rochefoucauld :
« De nos jours, il n'y a plus que les assureurs pour croire que la franchise paie. »
« Le bonheur est dans le pré. Mais les vaches ne s'en rendent compte que dans le camion qui les conduit à l'abattoir. »
« Paradoxe des grèves du Métro : moins il y a de rames, plus c'est la galère. »
« Constat décourageant : depuis plus d'un siècle que l'on observe des minutes de silence, on n'en sait pas plus sur ce phénomène. »