Les ministères chrétiens dans l'Antiquité tardive
Evolutions, idéal et réalités
Les chrétiens des années 180-260 se sont sentis autorisés à innover en faisant des choix dans les possibles institutionnels qui s'offraient à eux, en forgeant un vocabulaire pour dire ces choix. Les notions de « laïc » et de « clerc », qui étaient deux concepts indépendants se sont précisées pour se consolider dans une exclusion mutuelle et s'organiser autour de ce que la recherche récente définit comme des processus de « sacerdotalisation », de « professionnalisation », de « modélisation sur la mystique lévitique ». Cette étape capitale, où l'organisation des ministères se systématise, s'universalise, et atteint à une relative stabilité, peut être considérée comme un certain aboutissement. Elle ne marque pas - loin s'en faut - la fin de l'évolution des ministères, notamment, en ce qui concerne les questions de la continence, la hiérarchisation des fonctions culturelles autour des notions de tempora et de cursus, l'inversion de la qualification sacerdotale entre l'évêque et les presbytres. Il reste encore bien du chemin à parcourir pour l'organisation ecclésiastique. Il appartient au colloque de La Rochelle de préciser dans quelles mesures les générations qui vont suivre Cyprien ont géré et transmis cet héritage (Alexandre Faivre).
Si les modalités du choix et de l'exercice du ministère des évêques dans l'Antiquité tardive ont suscité bien des études, il n'en va pas de même pour les autres ministères, moins bien documentés ; ce sont eux qui ont retenu l'attention du IIIe colloque de La Rochelle. Choix, nomination et fonctions des ministres ; origines sociales et familiales ; hiérarchie et relations réelles ou idéales entre l'évêque et ses clercs dans un souci d'unité du clergé, donc de l'Église ; activité pastorale, mais aussi rôle social des prêtres et des diacres dans les communautés urbaines ou rurales ; place de la prédication et de la célébration des mystères dans le ministère du prêtre ; et qu'en est-il lorsque l'aura des confesseurs ou le charisme des moines risque d'entraver l'exercice des ministères ? Autant de points abordés en tenant compte des évolutions, du milieu du IIIe au Ve siècle, et de la diversité régionale.