Le titre oriental renvoie aux origines phéniciennes de Thèbes : Cadmos,
l'Etranger venu de l'Orient sémitique, en est en effet le fondateur, comme le
rappellent les très beaux chants du choeur, entonnés par quinze jeunes femmes
venues de Phénicie.
Cette tragédie plonge donc dans les racines de l'histoire thébaine pour
expliquer le présent. OEdipe, Jocaste et leurs enfants se trouvent réunis dans
cette pièce foisonnante qui attend un grand metteur en scène car il y a là,
assurément, matière à grand spectacle.
Certes, c'est une édition de spécialistes qui est ici proposée avec un apparat
critique fait à la lumière des meilleurs témoins du texte : des manuscrits de
Paris, Florence ou Venise ... Mais elle vise aussi un large public, car cette
vaste fresque dramatique composée par celui qu'Aristote nomme «le plus
grand des tragiques» grecs, ne peut qu'intéresser et émouvoir aujourd'hui
encore. La lutte fratricide d'Etéocle et de Polynice n'a jamais cessé d'inspirer
les littératures modernes depuis la Renaissance. Se souvient-on que la première
tragédie de Racine a pour titre La Thébaïde ou Les Frères ennemis et que le
modèle euripidéen est revendiqué par le jeune dramaturge ?